Musée haut, musée bas - Film de Jean-Michel Ribes
Musée haut, Musée bas
Film de Jean-Michel Ribes (2008)
Avec
Michel Blanc
Julie Ferrier
Philippe Khorsand
Durée: 1h33 - Distribution: Warner Bros
Un musée, une exposition d'art contemporain, un conservateur à houpette (Michel Blanc), un ministre de la culture rose (André Dussolier), un groupe de pequenots qui viennent pour la visite (dont Gérard Jugnot), une guide qui court (Julie Ferrier) et qui parle danois (merci Thibaut), un visiteur qui a perdu sa voiture (Daniel Prévost), une visiteuse fan de Kanslovski (Muriel Robin), un groupe de surveillants poètes (dont Fabrice Lucchini), une classe qui court en criant au milieu de l'expo et surtout une invasion végétale inquiétante, telle est l'histoire de ce film totalement barré.
Jean-Michel Ribes est l'heureux papa de Palace (qui est une merveille). Il signe ici une critique acerbe de la culture et de ceux qui la porte aux nues, qui font mine de la comprendre, qui y vont parce que tout le monde y va. C'est entièrement bizarre et la moquerie va jusqu'à la parodie totale. Ce film est réjouissant comme rarement et comme vous venez de le lire ci-dessus, il n'y a pas véritablement une intrigue mais c'est plutôt une fable qui permet de retrouver l'ambiance que l'on a connu dans Palace avec d'ailleurs une partie des acteurs de l'époque. Ainsi, on voit passer Valérie Lemercier en plein aphorisme, Eva Darlan ou encore le regretté Philippe Khorsand.
C'est aussi la richesse du casting qui rend le film délectable. En tête, Michel Blanc est parfait dans un rôle de conservateur ellitiste (un peu dans le même style que Christian Clavier/Jacquard), Dominique Pinon, Victoria Abril, Josiane Balasko en mère castratrice, Isabelle Carré - géniale en ravie de la crèche - dans le même groupe que Pierre Arditi, Gérard Jugnot, Laurent Gamelon et Chantal Neuwirth, Valérie Mairesse, François Morel, Yolande Moreau ou encore Annie Grégorio. On retrouve aussi des tous petits rôles que j'affectionne particulièrement comme Sophie Artur et Jean-Michel Ribes lui même, en train de pisser avec Dominique Besnehard...
L'art est malmené avec délectation dans des saynettes géniales, un peu longues dans quelques cas mais ce n'est pas si grave, où pèle-mêle on est soi-même une oeuvre d'art, où on assiste à une expo de bites (hé oui), où un artiste tue sa mère pour la faire entrer dans la postérité. Le film est une bizarrerie réjouissante et décomplexée où l'art qui semble autoriser certains à toiser d'autres est donnée pour ce qu'il est à savoir une forme de langage complexe que tout le monde consomme avec avidité mais qui ne doit pas être mis brut entre les mains de tout le monde - et surtout pas entre les mains de ceux qui s'auto-proclament spécialiste. C'est une dérive que Jean-Michel Ribes attaque et il réussit brillamment à dénoncer des pratiques idiotes en passant par la parabole de la nature (le vrai art) qui reprend ses droits sur l'art d'aujourd'hui, matérialiste et souvent inintéressant. Les fans de Palace vont adorer, les autres vont peut-être pester comme cette vieille dame qui est sorti avant notre séance totalement déconfite. On peut voir ce film comme une oeuvre démago, je pense qu'il n'en est rien, c'est juste une mise au point intelligente et sensée.
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